Nous déjeunons sous une paillote, dans
un petit restaurant local. C'est toujours aussi difficile de
choisir un plat parmi la centaine proposée... en anglais...
avec des produits et des sauces inconnues. Surtout pas trop
épicé, et pas de poisson ! Après la visite
de ce matin !
Bof ! Moyen le plat de brochettes que j'ai choisi. Je n'en garderai
pas un souvenir impérissable.
Après deux heures de pause-lecture à l'hôtel,
nous sortons à pied tous les deux, dans Battambang pour
une balade au bord du fleuve où sont amarrées
des barques servant d'habitations.
Nous décidons d'envoyer un mail aux garçons. Vive
l'Internet en France ! Ici, dans ce café Internet, après
une bonne demi-heure, nous arrivons enfin sur la page d'envoi
de la messagerie Orange, ce qui chez nous, aurait demandé
quelques secondes. Ecrire le mail en "qwerty", l'envoyer...
Ouf, c'est fait ! Quarante minutes. J'aurais bien envoyé
un mail à ma soeur et à quelques amis ensuite,
mais je renonce... Beaucoup trop long, et il fait une chaleur
torride dans leur salle ! On fond littéralement !
Nous flânons devant les boutiques, tables de mixage, amplis,
c'est le quartier de la haute technologie, Vincent serait comblé.
Plus loin, un orchestre, une chanteuse... Dans
le restaurant, les gens portent des habits de fête, couleurs
chatoyantes des robes, maquillages sophistiqués.
Les rues grouillent de monde à pied, en moto. La nuit
est tombée, il fait bon. Nous rentrons à l'hôtel
avant de ressortir en voiture, pour aller dîner dans une
villa coloniale, comme hier soir. Les jeunes serveuses sont
très avenantes, rapides et aimables. D'ailleurs la population
en général est très accueillante. Les gens
sourient beaucoup, acceptent d'être photographiés,
ne demandent rien. Quand on leur donne une pièce, comme
nous l'avons fait ce matin pour les deux femmes qui nous ont
accompagnés au temple, ils remercient longuement, mains
jointes à hauteur du visage.
Dans la rue, cet après-midi, les passants nous faisaient
un signe de la main, un geste amical... Deux Européens
seuls, dans une marée asiatique, ça se remarque
forcément. Pour en revenir au restaurant, j'ai goûté
ce soir un curry au poulet et c'était très bon.
Rien à voir avec le curry indien ou sri lankais, beaucoup
plus doux, presque sucré... Ce qu'il y avait dedans ?
A part le poulet, les carottes et les oignons que j'ai reconnus,
pour le reste, je l'ignore, des légumes, tous croquants,
à peine cuits mais excellents.
Vendredi 21
A 7 h 30, nous montons dans une grande barque couverte qui va
nous emmener, par la rivière Sangker, à Siem Reap
où nous arriverons vers 15 h 30. Le bateau est dirigé
par deux jeunes locaux. Avec notre guide, nous sommes les seuls
passagers.
Les berges défilent, occupées
par des maisons sur pilotis, bateaux servant d'habitations,
pêcheurs dans leur esquif, femmes assises dans des barcasses
amarrées au rivage et lavant leur linge dans l'eau jaune,
végétation dense, bananiers, palmiers et autres
fruitiers. Une grande barque, faisant office de bac, traverse
le fleuve. Elle est chargée de piétons et même
de quelques bicyclettes. Les gens sous les pilotis se balancent
sur leur hamac ou sont assis à même la terre. Toute
une vie au ras du fleuve !
Nous naviguons en évitant les filets placés en
travers, à gauche, à droite. Parfois, il ne reste
qu'un passage étroit entre deux filets tendus face à
face depuis les berges. Le fleuve se divise en deux bras plus
étroits, nous prenons celui de gauche. Chaque traversée
de village est l'occasion d'emmagasiner des images, labour à
l'aide d'une charrue poussée par un paysan, école
au bord de l'eau sans aucune protection, enfants qui nous saluent
dans les barques, rameurs debout maniant la pagaie, habitations
flottantes abritant femmes et nourrissons, champs inondés...
Le fleuve se rétrécit encore et se déroule
en étroits méandres. Il faut éviter les
nombreux pêcheurs, les obstacles, les branches de côté.
Nous sommes au même niveau que les champs noyés
et bientôt la rivière ne se distingue plus du reste.
Notre rivière ressemble à un grand lac d'où
émergent des arbres, des îlots de fleurs, des bancs
de verdure. Nous avons beaucoup voyagé sur quatre continents
et pourtant ces paysages sont nouveaux pour nous. Au Guatemala,
nous avions fait une longue et passionnante étape en
barque sur
le rio dulce, pour atteindre Livingstone, inaccessible par
la route, mais c'était différent.
Ici au milieu de l'étendue d'eau, piquée de villages
d'embarcations ou de villages lacustres, le bateau trouve son
chemin à travers des couloirs enserrés entre des
branches qui griffent les plats-bords... Nous sommes sans doute
sur un canal profond, on pourrait aussi bien être dans
le champ, ça ne fait pas de différence. Dans quelques
semaines, l'eau se sera retirée des terres, permettant
la plantation de riz.
A plusieurs reprises, la rivière est si étroite
et les virages si serrés que le bateau, peu manoeuvrant,
vient heurter les branches touffues des rives qui nous aident
à virer tant bien que mal. Ici ou là, apparaît
une embarcation tapie entre les buissons, pêcheurs, ramasseurs
de fruits du lotus, ou simplement des gens qui vivent là
au milieu de l'eau. Quand nous rencontrons d'autres bateaux,
il y a à peine la place pour les croiser. Au confluent
des bras du fleuve, sont installés des villages flottants
plus importants qui dans quelques semaines, seront à
sec.
Après une petite pause près d'une pagode au bord
de l'eau, notre guide nous remet un panier pique-nique que nous
mangeons à bord du bateau.
Le lac et la faune du
Cambodge :
le lac à la saison des pluies mesure 10000 m²
pour une profondeur de 17 mètres, contre 3000 m²
et 1,50 m de fond à la saison sèche. On
peut y pêcher 12 tonnes de poisson par km².
Le Cambodge est le refuge des oiseaux du monde entier.
Des espèces en voie de disparition ailleurs, subsistent
ici à cause de l'eau et des nombreux poissons (1000
espèces dans le lac).
Depuis que le Cambodge a été déminé,
tigres et éléphants commencent à
y revenir, dans la grande forêt à l'est de
Battambang. |
Le fleuve s'est élargi maintenant, nous
approchons lentement du lac Tonle Sap. A 14 heures, il apparaît
enfin, immense, les derniers bancs de verdure piquetant l'eau
s'effacent derrière nous, laissant place à une
vaste étendue liquide. Après une heure et demie
de traversée, nous embouquons un nouveau fleuve qui nous
conduit jusqu'au débarcadère où nous attend
une voiture et son chauffeur.
Après une pause à l'hôtel, nous repartons
à pied chercher un restaurant local. Il nous faut marcher
un moment dans la nuit (il fait nuit à 18 heures), pour
en trouver un. Mais le dîner est bon : lok lak... Encore
! Oui, mais il y autant de lok lak que de restaurants. Chacun
a sa recette personnelle, autant pour les légumes que
pour la sauce qui l'accompagne. La seule constante, c'est le
boeuf mijoté en petits morceaux.
A 20 heures, nous sommes de retour dans la chambre, on dîne
très tôt ici.
samedi 22
Ce matin, nous allons à Roluos, l'ancêtre d'Angkor.
Le guide achète nos "Pass" valables une semaine
pour tous les sites d'Angkor. Comme ils doivent être munis
d'une photo, tout le monde est photographié automatiquement
au passage. Et nous voilà avec ce joli pendentif autour
du cou !
Tandis que nous roulons vers Roluos, nous dépassons de
nombreuses motos; généralement elles sont occupées
par un couple et un bambin, assis ou debout entre les adultes.
Parfois un second enfant se tient à l'arrière,
et mieux, nous venons de doubler une moto portant un couple
et quatre marmots en bas âge ! S'ils venaient en France,
ces gens-là, ils seraient bien étonnés
de voir comment nos enfants sont maintenant "saucissonnés"
dans nos voitures. Mais dans les années 60, il était
courant que mon père dans sa 403, entasse une dizaine
de personnes (adultes et enfants) pour les reconduire chez eux
après une cérémonie. Et nous-mêmes,
adolescents, quelques dix ans plus tard, nous nous empilions
à douze dans la deux-chevaux camionnette d'un copain
pour les "boums" du samedi soir. C'était une
autre époque. On n'attachait pas non plus les bébés,
on les posait dans un couffin sur la banquette arrière.
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