Dimanche 29
Encore du soleil !
On a de la chance, c'est la fin de la saison des pluies, et
pour l'instant on n'a eu des averses que le premier jour. Il
est 7 h 30, nous partons pour le célèbre marché
de Chichicastenago, le plus important du pays. En cours de route,
nous sommes arrêtés à un contrôle.
Il est interdit de passer des fruits d'une région à
l'autre, pour éviter la propagation de la mouche de Méditerranée
(qui vient du Brésil).
Chichicastenango :
Après avoir traversé le marché, nous atteignons
le parvis de l'église Santo Tomás. C'est ici,
qu'on a trouvé le livre sacré des Mayas qui décrit
entre autres choses, la création de l'homme
de maïs. Les Indiens Quichés sont assis à
même les marches, parmi des monceaux de fleurs. Un feu
brûle au bas de l'escalier. Sur le parvis les chamans
balancent des encensoirs de fortune (boîtes de conserve
remplies de charbon de bois). A l'intérieur, c'est la
messe catholique, et au milieu les cérémonies
indiennes, bougies et pétales de fleurs sur toute l'allée
centrale autour desquels s'agenouillent les Quichés pour
prier leurs ancêtres.
Dehors, le grand marché a pris possession de toutes les
rues : artisanat de toutes sortes, masques, tissus, objets en
bois et autres. Les femmes Quichés portent des costumes
tissés dans les tons violets, celles de Santa Catarina,
hier, étaient plutôt dans les bleus, et les Mayas
d'Almolonga dans les rouges et verts. Nous parcourons toutes
les allées, admirant chaque chose et achetons quelques
bricoles pour les enfants et Manon, notre petite fille (19 mois).
Nous déjeunons à Katok, d'un barbecue de cochon
de lait, que nous voyons griller sous nos yeux, écartelé
sur une grande broche. Puis nous repartons vers Antigua.
Bonne crise de fou-rire parce que Gunde nous a apporté
des CD de marimba, mais il n'arrive pas à les introduire
dans la fente... Ajouté à cela, la télécommande
d'ouverture des portes qui a des faiblesses, le frein à
main qui chauffe, la ceinture de sécurité du chauffeur
qui s'enclenche mal, et depuis ce matin le voyant rouge de la
batterie qui s'est allumé... Notre guide a demandé
qu'on nous change la voiture ce soir ! En tout cas, on a bien
ri. Le temps s'est couvert, mais il ne pleut pas. Nous voyons
souvent des cerfs-volants dans le ciel, mais il paraît
qu'en novembre, il y en aura davantage, car il y a plus de vent
et ce sera la Toussaint. Certains pensent que les cerfs-volants
peuvent communiquer avec les morts.
Nous arrivons à Antigua, cette ville a beaucoup de charme,
elle nous rappelle les cités paisibles du Mexique. L'hôtel,
superbe (c'est la même enseigne que celui d'hier), est
installé dans un ancien couvent, près du célèbre
arc jaune de Santa Catalina. Les chambres sont réparties
autour de patios abondamment fleuris avec des fontaines un peu
partout. Neuf musiciens jouent de la marimba, sept sur les deux
pièces de l'instrument principal, un contre-bassiste
et un batteur. Nous promenons dans le quartier animé
autour de l'hôtel et sur la place centrale. Une procession
passe justement par là. Une statue de la reine de la
paix (c'est la vierge du Chapelet), est posée sur un
plateau en compagnie de quelques anges, le tout richement illuminé.
Antigua nous séduit tout de suite. Nous la visiterons
plus en détails demain.
Lundi 30
Superbe ciel bleu pour notre balade à pied dans Antigua
! La ville a subi plusieurs tremblements de terre, mais
le plus grand s'est produit en 1773, toute la population a alors
abandonné les lieux. De nombreux édifices
sont donc en ruines, mais restent dignes d'intérêt.
Nous visitons les monuments autour de la place centrale, la
cathédrale où sont enterrés les personnages
célèbres de l'histoire du Guatemala, l'arc de
Santa Catalina près de notre hôtel. Cet arc est
le symbole d'Antigua. Il fut construit au 17ème siècle,
par les soeurs pour aller du couvent au réfectoire situé
de l'autre côté de la rue. Elles ne voulaient pas
traverser à la vue des gens et demandèrent que
la rue soit fermée, mais le maire refusa. L'arc fut alors
construit, permettant de traverser sans être vu.
Plus loin dans la ville, se dresse l'église de la Merced,
jaune avec une façade au décor de stuc, évoquant
un énorme gâteau à la Chantilly. Un agneau,
symbole de la religion chrétienne voisine avec les symboles
mayas sur les colonnes, c'est le syncrétisme des deux
religions qu'on représente ainsi. A l'intérieur,
nous retrouvons la vierge du Chapelet, aperçue hier soir
dans la procession illuminée; dehors, une jolie cour
en forme de patio avec au centre une grande fontaine.
Le couvent de Santo Domingo, transformé en hôtel-musée,
est un havre de verdure et de fraîcheur au coeur de la
ville paisible : fontaines, fleurs tropicales, sous les arcades
ombragées du vieux couvent.
Nous poursuivons la visite par la fabrique de jade. Les ouvriers
polissent la pierre devant nous : superbes masques, bijoux,
petits animaux en jade du plus clair au plus foncé. Mais
à quel prix !!!
Après la queue à la banque pour changer quelques
dollars (c'est la fin du mois, il y a un monde fou), nous réussissons
à envoyer nos cartes à la poste.
Explication du manque de timbres : la série de timbres
est épuisée, et la nouvelle pas encore imprimée.
En attendant, on met un tampon sur le courrier. ici à
Antigua et dans les grandes villes, ils possèdent ce
tampon, mais dans les villages comme Panajachel ils ne l'ont
pas. Ils doivent donc envoyer les lettres dans la capitale pour
les faire tamponner... Nous n'avons pas eu très confiance,
nous avons préféré les poster nous-même
en ville.
Au déjeuner, nous goûtons un "cocido de res".
Il s'agit d'un bouillon dans lequel trempe un morceau de boeuf
bouilli. Autour, sont disposés divers légumes
: pommes de terre, citrouille du Guatemala, maïs, carottes,
chou, yucca, céleri, chayotte, camotes, un grand bol
de riz, et des tortillas.
Nous venons de recevoir une nouvelle voiture en remplacement
de la Nissan. Celle-ci est une Mitsubishi 2007. Gunde, notre
guide doit se familiariser avec la voiture. Il remet sa casquette
de chauffeur. Quand il descend, il porte un chapeau en toile,
c'est le chapeau du guide. Guide et chauffeur en un seul ! Nous
rions bien.
Eglise San Francisco : c'est là que repose Hermano Pedro
Betancur béatifié en 1981, et sanctifié
en 2003 par Jean Paul II. Il avait à son actif, des guérisons
miraculeuses et la construction d'un hôpital.
Sur l'un des retables de côté, on peut voir la
croix juive et les tables de la loi, signe que l'église
du Guatemala laisse entrer toutes les religions... Respect et
tolérance !
Couvent Sainte Clara : Après l'avant-dernier tremblement
de terre en 1773 (le dernier ayant eu lieu en 1976 et provoqué
30 000 morts), il n'en reste que des ruines. Mais les ruines
laissent deviner la splendeur d'antan, et il y pousse de belles
fleurs. Près de là, se trouve l'ancien lavoir
que Gunde apppelle "l'Internet", car les femmes y
bavardaient et communiquaient...
Mardi 31
Nous voici debout à 4 heures du matin pour prendre l'avion
à 6 h 30 en direction de Florès. Une heure plus
tard, l'avion se pose, un guide local nous attend. Gunde, lui,
fera 9 heures de route avec la voiture pour nous rejoindre demain.
Aujourd'hui, nous allons passer la journée sur le site
maya de Tikal. Une soixantaine de kilomètres sépare
Florès de Tikal. En chemin, nous voyons des écoliers
dans une cour d'école, c'est leur dernier jour de classe
demain, les vacances dureront jusqu'au 15 janvier. Nous entrons
dans la forêt du Peten, il fait lourd et humide. Dans
les villages, chiens, chevaux, cochons et poules se promènent
sur le bord de la route. De temps à autre quelques vaches
ou chevaux traversent devant nous. Soudain, voici un renard
qui file comme une flèche. La forêt abrite, entre
autres, des jaguars, coatis, serpents, dindons et le lac de
Peten Itza des crocodiles.
Tikal fut découvert en 1848. Son apogée se situe
vers 750, mais dès 950 Tikal était désert
et la végétation avait repris ses droits. Dans
les années 1950 à 1978, le site fut dégagé
par des Américains de Pennsylvanie, et par un Suisse
du Comté de Bâle qui en profitèrent pour
emmener dans leur pays des linteaux travaillés et diverses
autres choses.
Le parc de Peten couvre 600 km² et le site archéologique
(inscrit au patrimoine de l'Unesco) 275 km², dont seulement
17 ont été dégagés. Trois mille
sites ont été mis à jour, il en reste encore
au moins quatre à cinq mille. Ici, vivaient 90 000 mayas.
Nous commençons la visite par un coup
d'oeil sur la maquette du site. Puis nous pénétrons
à pied dans la forêt tropicale par un petit sentier.
Dans les arbres, les singes sautent au-dessus de nous. Il y
a deux ans, on a répertorié 285 jaguars dans le
Peten, dont 7 dans le parc.
Des ouvriers restaurent et consolident. La restauration des
monuments se fait selon la technique maya. On fait brûler
l'arbre appelé "touriste à la plage".
On mélange les cendres avec du calcaire, on laisse macérer
un mois, et cela remplace le ciment plus durablement.
Les chiffres sacrés des Mayas:
0 : Le zéro a été inventé
en 292 après JC.
7 : C'est le symbole de la vie.
9 : Neuf personnages sont chargés de surveiller
l'"inframonde".
13: Treize autres surveillent le "supramonde".
Le fromager est le symbole des mayas. Ses racines représentent
le 9, son tronc le 7 et ses feuilles le 13. |
Des faisans perchent dans les branches au-dessus
du chemin. On peut dire que chaque butte de terre recouvre un
monument maya. Nous faisons attention de ne pas nous piquer
avec les bambous épineux qui ont des épines si
acérées que si l'une d'elles rentre dans une veine,
elle peut remonter et provoquer la mort. Nous rencontrons, une
biche, puis une grosse araignée en travers du chemin.
Au milieu de la végétation, se dresse majestueux,
le temple des jaguars haut de 45 m. Il est composé de
trois parties, le soubassement, la plate-forme, le temple et
sa crête. Il a fallu dix ans pour le restaurer.
A l'intérieur, ils ont trouvé
le tombeau de l'Ah Cacao, le grand prêtre gouverneur du
site, mort à 80 ans, après 40 ans de règne.
C'était un géant (1 m 80) pour les mayas. Dans
le tombeau, on a découvert 8 kg de jade (masques et colliers)
et des os sur lesquels étaient sculptés la barque
funéraire des Egyptiens. Cela suppose des migrations
très anciennes de l'Asie vers ici. On a même retrouvé
des motifs ressemblant à des Bouddhas. Nous voici sur
la place centrale de l'acropole principale. Le temple des jaguars
domine un vaste carré entouré de monuments impressionnants.
Dans l'un d'eux, on voit un immense masque de pierre du Chac.
Dure escalade de l'une des pyramides pour dominer
l'ensemble !
Un peu plus loin, nous arrivons au temple V (57 m). A l'intérieur,
ils ont trouvé des poteries, des masques. Là,
on n'a dégagé que la partie centrale, les côtés
sont encore sous la terre. Il n'y a que 4 ans qu'il est dégagé.
Mais c'est l'université du Guatemala qui s'en est chargé,
pour éviter que des pièces ne partent encore à
l'étranger. On dit qu'il ne reste que 5% des objets au
Guatemala.
Ailleurs, des fouilles sont en cours, nous voyons les buttes
de terre qu'on a commencées de dégager ( un mètre
de terre et des arbres). Il faudra huit ans de travail pénible
pour sept petits temples, trois grands et un jeu de pelote qu'on
devine sous les buttes. Après une nouvelle traversée
de la forêt, nous arrivons à la pyramide du"monde
perdu". Elle était dégagée en 1980,
mais on a remis de la terre sur l'un des côtés,
pour la protéger, et la végétation a repoussé.
Tandis que Jean Paul grimpe au sommet pour voir le panorama,
j'attends, assise sur une souche (les degrés sont vraiment
trop raides, ça ne me dit rien de monter et on vient
déjà d'en gravir pas mal dans la pyramide précédente).
Un toucan vient se poser juste au-dessus de moi, sur une branche
haute.
Nous atteignons le temple IV, serpent à deux têtes,
à moitié dégagé, on n'en voit que
le temple et la crête. On ne grimpe pas, c'est trop haut
!
Vers 13 h 30, nous gagnons le restaurant situé dans le
parc... viande grillée à l'ombre d'un toit de
palmes... puis retour à l'hôtel à Florès.
Pause-lecture d'une petite heure avant de repartir à
pied à Florès, une ville-île au milieu d'un
lac. Nous flânons, puis dînons au resto. Gunde,
entre-temps, est arrivé et reparti se coucher après
son lever matinal (comme nous), et sa longue route de 500 km.
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