Après la visite du marché, nous redescendons en voiture dans un superbe paysage de rizières en terrasses. Ce mode de culture permet à l'eau de stagner au pied des pousses, mais le riz a déjà été récolté et ce qu'on voit, ce sont les restes de paille de riz. De gros cailloux ont déboulé sur la route, notre chauffeur descend pour les pousser car nous avons déjà touché plusieurs fois avec le dessous de la voiture, ça glisse fort, l'argile boueuse couvre toute la route.
Vers 13 heures, nous approchons de Sapa, nous commençons à croiser des Dao rouges avec leur vêtement noir et leur coiffe rouge. Dans cette ville, d'autres Hmong -qu'on appelle Hmong noirs- sont habillés en noir coiffe comprise.
Sapa (1650 m d'altitude) est dans le brouillard, ça fait penser au climat de la montagne en automne chez nous. Nous déjeunons dans un restaurant tenus par des Hmong noirs. La cheminée brûle et un grand bac de cendres chaudes au milieu de la salle réchauffe l'atmosphère. Il doit faire une douzaine de degrés ici. Nous partons vers l'hôtel par une route défoncée, envahie de trous d'eau. L'un d'eux est si encaissé que nous descendons avec le guide pour alléger la voiture. Un mini-bus aux roues plus hautes qui passait par là, nous embarque juste le temps de traverser l'étendue d'eau. Le chauffeur nous récupère de l'autre côté. Quelques kilomètres plus loin, nous descendons de nouveau. Le trou est trop profond, la voiture risque de toucher. Nous marchons quelques pas, sur le bord boueux.

Route inondée.

Nous arrivons à l'écolodge en pleine nature et une fois installés dans notre bungalow, nous passons une heure au bar à jouer aux échecs avec Duc.

Dimanche 28 novembre
Entre les passages de nuages, nous découvrons le paysage de rizières en contrebas de notre lodge, c'est beau, mais très vite la brume voile tout. Sur le chemin, nous croisons des gens des ethnies minoritaires, des enfants en tee-shirts ou nus dans le brouillard humide. Duc nous raconte quelques blagues et nous explique aussi qu'au village, les femmes et les filles vont nous coller pour nous vendre des babioles qu'elles ont achetées pour les revendre beaucoup plus cher, mais qu'elles ne fabriquent absolument pas elles-mêmes.
Nous arrivons dans la vallée qui va de Lao Chai à Ta Van, les deux villages des Hmong et des Dao rouges. La brume dévoile maintenant les flancs des montagnes couverts de rizières en terrasses, au milieu desquels nous allons marcher pendant deux heures, partant d'un village pour rejoindre l'autre. Avant d'arriver il nous faut encore descendre de voiture pour faciliter le passage de trous énormes et de mares.
9h30 : Nous voilà à pied sur le chemin boueux et glissant des rizières avec un grand soleil au-dessus de nous. Que c'est beau ce paysage !

Rizières.

Nous descendons tout au fond de la vallée, où coule la rivière Muong Hoa que nous franchissons par un pont de fer. Poules, poussins, marmots, cochons noirs, buffles, Vietnamiennes au chapeau pointu dans les terrasses, femmes hmong avec une dent en or, combat entre deux hommes ivres et tout le village qui rit, crie et trépigne en assistant à la bagarre.
La balade continue, boueuse mais intéressante, au milieu des populations locales. Deux heures plus tard, nous retrouvons la voiture et gagnons à Sapa, l'hôtel Victoria sis dans un décor magnifique, jardins, pelouses et palmiers en façade, lac sur l'arrière. Nous allons déjeuner en ville, un repas vietnamien raffiné comme les autres jours, avec sept ou huit plats typiques.
Après-midi libre, nous flânons dans le marché local. Les nuages ont de nouveau tout envahi. Sapa est comme une fille capricieuse dit Duc, elle change d'humeur tout le temps.
Achat de cartes postales ou comment marchander ? Si on accepte le prix proposé, on paye au minimum trois fois plus cher. J'ai même vu des cartes six fois plus cher qu'à Hanoi.
Nous passons devant l'église, c'est l'heure de la messe, impossible d'entrer, les fidèles remplissent l'église et débordent même sur le parvis. Si 70 % des Vietnamiens sont bouddhistes, le pays compte cependant des catholiques, généralement pratiquants.
Nous passons le reste de l'après-midi à bouquiner à l'hôtel avant de ressortir dans les nuages humides qui crachinent, pour dîner au restaurant Lotus, le même qu'hier midi. De retour dans la chambre, nous nous préparons un petit café avec la bouilloire électrique mise à disposition à peu près dans tous les hôtels. C'est bien sympa, tout comme de pouvoir se faire un thé parfois, quand nous rentrons d'excursion en fin d'après-midi.

Lundi 29 novembre
Nous partons dans la grisaille nuageuse vers des villages dao. Duc nous raconte quelques histoires en chemin. Nous arrivons à Ta Phin, où vivent cent familles dao. Une femme marche tout en filant le chanvre qu'elle embobine autour de sa main.

Une femme file du chanvre.

Femmes Hmong.

Les bobines de chanvre seront ensuite tissées et teintes en indigo. Nous traversons le village dans la boue, escortés par les femmes avec leurs paniers de marchandises sur le dos et abritées sous de grands parapluies. Elles vendent toutes la même chose, quelques pochettes ou sacs brodés et ne font pas beaucoup d'affaires, elles sont si nombreuses à vendre les mêmes articles ! Quelques étals de viande et produits divers se tiennent sous des appentis en bois. Après une heure de balade, nous remontons en voiture. Nous nous rendons au village de Cat Cat (qui vient du français cascade). Le chemin est si mauvais que nous devons descendre de voiture plusieurs fois pour franchir de grands trous et barres de cailloux. Ici vivent cinquante familles de Hmong noirs.

Une longue descente par un escalier de pierre nous emmène tout au fond de la vallée au milieu des bambous géants autrement appelés bambous d'ivoire jusqu'à une cascade qui autrefois alimentait un barrage hydraulique construit par les Français. Les Hmong noirs ne sous suivent pas pour vendre leur marchandise comme les Dao, car de nombreuses boutiques rudimentaires ont été établies tout au long de la descente. Nous marchons dans la vallée, dans le bruit de la rivière que nous longeons, au cœur d'une végétation luxuriante. Les nuages se sont élevés, l'atmosphère reste moite mais il ne crachine plus.
Après avoir atteint le fond, nous remontons peu à peu, rencontrant cochons noirs et porcelets sur le chemin. Pont suspendu au-dessus de la rivière, longue, longue remontée... Après le déjeuner, après-midi libre dans Sapa embrumé. Nous commençons par acheter un parapluie pour remplacer le mien qui a rendu l'âme. Des vendeurs de repas en ville occupent toute la longueur de la rue. Ils grillent à la demande toutes sortes de choses. Des poulets par exemple, entiers ou en morceaux, couleur cendre... Noirs de fumée de charbon de bois ou brûlés ? Pourtant les gens les mangent de bon cœur. Nous traversons le marché. D'énormes poissons nagent dans de grandes bassines alimentées en oxygène. Les gens choisissent leurs poissons vivants et les jettent par terre où ils meurent. Ensuite le vendeur les emballe ou les découpe pour eux.

Poissons sur le marché.

Des montagnes de volailles couvrent les étals, entières, en morceaux, ou juste les pattes, les abats ou des os dénudés. Contrairement à d'autres pays, ici aucune mouche ne rôde ! Le beurre frais est vendu en pains rectangulaires qu'on détaille à la demande. Les marchands de légumes proposent toutes sortes de végétaux inconnus de nous, mais aussi chayottes, champignons bizarres, germes de haricots, choux et autres légumes courants.
A 19 heures, nous avons rendez-vous avec Duc au restaurant Lotus (où il loge) et de là, une jeune serveuse vietnamienne nous conduit à un autre restaurant qui appartient au patron du Lotus, ceci pour nous permettre de changer de menu tout en ne payant que 7 $ le repas. En effet, pour nos dîners libres, donc à notre charge, Duc s'est arrangé pour nous réserver des menus au même prix que l'agence Asian Trails. Autrement en tant qu'individuels, nous n'aurions pas ce tarif-là, ni même le choix du menu asiatique complet. Il nous faudrait choisir à la carte, plat par plat. Ce soir, encore, huit spécialités pour le dîner, dont un dessert succulent (beignets de banane au chocolat), un bouquet de saveurs et de parfums.
Je dirais volontiers qu'après le Mexique, où nous avions énormément apprécié la cuisine délicieuse servie à table, c'est le Vietnam qui vient juste derrière au niveau gustatif, parmi les pays de nos voyages. Mais nous ne sommes ce soir qu'à la moitié de notre séjour. On verra dans le centre, puis le sud. Un petit café en rentrant à l'hôtel et... lecture !

Mardi 30 novembre
Nous descendons vers Lao Cai, dans les nuages. Duc nous propose un petit jeu de questions-réponses à partir de son téléphone portable. C'est très sympa et le temps passe vite jusqu'à la ville. Nous venons de redescendre de 1300 m en une heure. Lao Cai n'est qu'à 378 m.
Des gens portent un turban blanc, c'est un enterrement, on y joue de la cithare et des tambours. Nous traversons le fleuve rouge à Lao Cai, pour gagner le village de Cauc Ly (850 m d'altitude) à une heure de route environ. La route se faufile dans la verdure, bananes, papayes, plantes aux feuilles immenses. L'humidité omni-présente favorise la végétation. Nous nous baladons sur le marché parmi les Hmong fleuris. C'est amusant, je prends des notes et on vient regarder par dessus mon épaule ce que j'écris. Des hommes fument du tabac dans un grand bambou. Il s'agit d'une pipe à eau, le tabac est introduit dans un petit tube relié au bambou dans le fond duquel on met de l'eau. La fumée se mélange à la vapeur et le fumeur aspire le tout. Les fumeurs achètent ensuite (ou pas) le tabac qu'ils ont goûté.
A part ça, on trouve sur ce marché, les mêmes choses qu'ailleurs.

Pipe à eau.

L'opium
L'opium est interdit depuis 1980 et les Hmong ont remplacé cette culture par celle des fruitiers. Pourtant aujourd'hui, partout dans le pays, il y a des vendeurs d'opium clandestins. La police les laisse faire, car elle en tire profit.

Nous redescendons derrière une file de camions-bennes qui participent à la construction d'un barrage à Cauc ly. Les nuages mouillés ne nous quittent pas, mais il fait doux. Nous déjeunons dans un restaurant rudimentaire, puis nous prenons une barque à moteur, qui nous conduit à Trung Bo où vit l'ethnie tay, un groupe bien intégré qui ne porte plus le costume traditionnel, parle autant le vietnamien que le tay et vit dans des maisons sur pilotis. Le plafond s'est enfin levé, il fait beau. Sur les berges, des bateaux extraient le sable de la rivière à l'aide de gros tuyaux. L'eau sableuse monte et se déverse sur de gros tas de sable déjà accumulés là. Le sable se dépose tandis que l'eau retourne à la rivière.

Extraction du sable de rivière.

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