Dans les maisons toute proches, nous découvrons
les gens qui lavent le linge ou la vaisselle au bord de l'eau.
Des enfants sortent de l'école. Après nous être
glissés sous un grand pont, nous débouchons bientôt
dans un canal plus large où circulent de très
grands house-boat.
La lumière change, réchauffant
le décor. Le riz, jaune, mûr, attend la coupe qui,
depuis cinq ou six ans, se fait à la machine. Nous nous
arrêtons deux ou trois fois car quelque chose semble bloquer
l'hélice. Rien d'étonnant après la traversée
des plantes aquatiques ! Des milliers de canards s'entassent
sur un étang et ses berges. L'odeur des feux de bois
qu'allument les riverains nous chatouille les narines, annonçant
la fin d'après-midi. Dans un village, le bateau accoste,
les marins l'amarrent au tronc d'un palmier, le temps d'aller
acheter de la bière pour le dîner. En effet on
nous a demandé ce que nous voulions boire à table,
et comme il est interdit de transporter de l'alcool sur ces
bateaux, l'un des trois hommes du bord est parti faire ses emplettes,
juste avant l'heure du repas !
18 h 15... Le jour décline vite, nous nous amarrons près
de la rive au tronc des cocotiers. La nuit tombe, les maisons
s'éclairent sur les rives, nous dînons sur le pont
dans la tiédeur du soir.
Mercredi 7 novembre
Quand le bateau décolle à 7 h 30, il fait bon
sur l'eau, un petit air doux glisse sur nous, on est bien. Sur
les rives, les gens s'activent déjà, qui dans
sa barque, qui au bord de l'eau, lavant le linge, les gamelles
ou eux-mêmes. De belles maisons, roses, orange, bleu vif,
entourées de jardins fleuris et de belles clôtures,
bordent les quais. Une église catholique fait face à
une orthodoxe, toutes deux très bien entretenues.
Nous empruntons ce matin d'étroits canaux artificiels,
alors que les autres sont généralement naturels.
L'un d'eux a été construit autrefois par un millionnaire
pour acheminer son riz du champ au port. Ces petits canaux débouchent
sur de plus grandes voies assez fréquentées par
les house-boat de toutes tailles mais aussi par les gens du
cru. Une longue barque lourdement chargée de sable, plats-bords
dans l'eau, passe près de nous. Un homme plonge un gobelet
dans l'eau glauque et boit !!! A 9 h 30, nous débarquons,
Rajan est là, fidèle au poste.
Nous continuons vers Cochin où l'hôtel nous donne
une grande suite... On n'en demandait pas tant. Nous allons
faire un tour à pied et revenons en tuk-tuk après
quarante minutes de marche sous la chaleur. A 14 heures, la
voiture nous attend pour la visite de Cochin.
Filets de pêche chinois... Eglise Saint Francis, la première
église de toute l'Inde construite par les Portugais (1503),
en effet Cochin a été conquise par les Portugais,
avant Goa.
Quant à Vasco de Gama, il aurait été enterré
dans cette église avant d'être transféré
14 ans plus tard dans la tour de Belem à Lisbonne.
Nous continuons la promenade en allant voir le palais hollandais
transformé en musée, la basilique que visita Jean
Paul II, la synagogue et le quartier juif, où il ne reste
plus que neuf juifs, tous les autres étant partis lors
de la création d'Israël.
En fin de journée, nous assistons au "Kerala Kaleidoscope"
spectacle "kathakali" et tout d'abord au maquillage
savant des acteurs. Le kathakali est une forme de théâtre
dansé, combinaison de drame, de danse, de musique et
de rituel qui raconte des épisodes tirés des épopées
hindoues. Les formes et couleurs du maquillage ont une signification
très précise.
Quatre artistes occupent la scène, un percussionniste,
un chanteur qui vocalise des mélopées en arrière-plan
et les deux danseurs dont l'un est travesti en femme. La danse
qu'ils jouent devant nous, représente un drame sans paroles,
raconté par l'expression corporelle, l'expression du
visage ou du regard, la position des mains et la gestuelle de
la danse. Les costumes sont somptueux.
Spectacle culturellement intéressant même s'il
ne nous est pas facile de suivre le déroulé de
l'histoire !
Jeudi 8 novembre
En route pour Ooty à 2500 mètres d'altitude. La
quantité de panneaux publicitaires sur les routes continue
de nous surprendre. Des affiches géantes plantées
sur les bas-côtés qui représentent souvent
des femmes superbes parées de bijoux, ou de robes de
mariées, saisissant contraste avec la vie de la campagne
indienne. La route vers Ooty, très défoncée,
est encombrée de poids lourds qui surgissent face à
nous à tout bout de champ.
A la frontière entre Kerala et Tamil Nadu, stationne
une file impressionnante de poids lourds. Ils sont tous assez
jolis, propres et décorés de toutes parts. Après
le restaurant, il nous reste 50 kilomètres pour Atteindre
Ooty... en montée et virages, soit deux heures trente
de route dit Rajan !!! Des singes postés sur le bord
de la route regardent passer les voitures, espérant quelque
aumône.
La montagne du Nilgiris est belle, cascades fraîches,
fleurs rouges sur écrin de verdure. La température
de 31° en bas, descend peu à peu jusqu'à 19°.
Nous visitons une fabrique de thé au milieu des plantations
qui couvrent les versants.
Nous voilà maintenant à 15°
et comme nous sommes presque dans les nuages, il pleut quelques
gouttes. Les villages de cette région, très colorés,
s'agrippent à la montagne, notes de couleur dans la brume
des nuages. Nous montons toujours. Voilà Ooty ! Partis
à 8 heures, nous avons parcouru 312 kilomètres
et il est 16 h 30.
Nous ressortons faire un tour aux abords de l'hôtel mais
le village est loin. Cependant, nous avons le plaisir de marcher
entre les mimosas joliment fleuris qui éclairent le chemin
de leur jaune pâle se mêlant aux fleurs de genêts
plus dorées.
Vendredi 9 novembre
Soleil... mais 11° en sortant ce matin !
Très vite pourtant, la température monte d'autant
que nous empruntons une route qui descend à pic en trente-six
virages en épingles à cheveux, qui arbore chacun
une grande pancarte dotée d'une maxime écologique.
Impressionnante descente où sont interdits les poids
lourds !
Nous traversons ensuite une réserve naturelle où
vivent tigres et éléphants. Cette route n'est
ouverte que de 6 heures à 18 heures, aussi personne n'y
voit-il de tigres car ils ne sortent que lorsqu'il n'y a plus
personne. Nous croisons des troupeaux de gazelles, un groupe
de sangliers avec une ribambelle de marcassins, de jolis oiseaux,
et passons au travers de zones fleuries de buissons roses ou
jaunes. Cette route étroite est une véritable
promenade dans la nature. Nous entrons dans l'état du
Karnataka, la réserve continue. Il s'agit d'un seul grand
parc national qui au Tamil Nadu s'appelle "Mudumalai",
au Karnataka "Bandipur" et qui se prolonge au-delà
par le parc national "Nagarhole" dans lequel nous
avions fait un safari à l'aller.
Juste au moment de quitter la réserve, nous rencontrons
une éléphante et son petit qui se dirigent tranquillement
vers la route. Allez, c'était un dernier clin d'oeil
à la "Wild Life" (vie sauvage).
Nous approchons de Mysore, nous avons retrouvé nos 28°
habituels et la circulation chahutée de la route et des
traversées de villages... Boeufs attelés par quatre,
tuk-tuks bondés bord à bord avec d'énormes
autobus, charrettes à bras chargées de fruits,
deux-roues, piétons, vaches, vélo chargés
d'un lot énorme de casseroles, motocyclistes portant
à deux sur leur tête un grand matelas de deux personnes,
arrêt de bus scolaire sur l'autoroute, tout un monde qui
se dispute gaillardement la chaussée. En haut des arbres
sont perchés des pélicans arrivés du Pakistan
et qui repartiront en juin. Aujourd'hui la paix se maintient
entre Inde et Pakistan grâce aux deux armées massées
de part et d'autre de la frontière. Rajan nous raconte
qu'il est allé en Inde du Nord, en partant de Bangalore.
Comme nous il a vu Bénarès et les belles villes
du Rajasthan.
Nous descendons au marché de Mysore,
dans l'espoir de trouver deux petits Ganesh pour Paul et Anakin
afin qu'ils les ajoutent aux babioles déjà rangées
dans le coffre de pirate, que nous leur avons ramené
de Bulgarie, leur coffre à secrets.
Un vieux bonhomme nous propose un petit Hanuman ou un gros Ganesh.
Comme nous ne voulons ni de l'un ni de l'autre, il se met en
colère et jette le Ganesh en bois par terre pour montrer
qu'il est solide. Nous le plantons là avec ses vociférations
et allons voir plus loin.
Rajan a eu l'idée de nous faire visiter le Tipu Sultan
Palace situé à la sortie de Mysore, comme hier
il avait pris l'initiative de nous emmener à la manufacture
de thé.
Ce palais en bois, couverts de fresques, des
murs au plafonds, arbore des scènes de défilés
militaires et processions où figure le Tipu Sultan, poète
et soldat qui infligea une défaite aux Anglais, au 18ème
siècle.
Nous arrivons à Bangalore en fin d'après-midi,
il y fait 30°, circulation intense... bouchons... Nous dînons
dans un hôtel proche de l'aéroport.
Samedi 10 novembre
Décollage vers trois heures du matin.
Nous arrivons à Roissy à 13 heures à notre
montre. En réalité à Paris il n'est que
8 h 30.
Kilométrage total
En voiture : 3 600 km.
En avion : 15 700 km aller-retour
Quelques infos :
- Un ouvrier dans l'industrie gagne 10 000 roupies par
mois (minimum)
- Un postier : 25 000
- Un ingénieur : 100 000
- Les professeurs : de 10 000 à 50 000 (dans le
secondaire) suivant le niveau de l'école et son
statut.
Le gas-oil coûte 50 roupies le litre et l'essence
75.
Un litre d'eau minérale (hors hôtel) s'achète
15 roupies.
10 000 roupies = 142 euros (fin 2012)
***
Le climat dans le Sud-Ouest de l'Inde :
- De janvier à mai : Eté
- De juin à Septembre : Saison des pluies
- D'Octobre à Janvier : Hiver
***
Quelques distances :
Delhi - Bangalore : 2800 km
Delhi - Kanyakumari : 3600 km
Du Nord au Sud de l'Inde : environ 3200 km
De l'Est à l'Ouest : environ 3000 km
L'Inde se compose de 28 états et 7 territoires
dont celui de Delhi.
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