17 heures : nous voici enfin dans l'avion !
Notre vol initial était à midi trente, mais on
nous avait prévenu qu'il était décalé
à 15 h 30. Finalement, au dernier moment il a été
retardé à 17 heures. Longue, l'attente, pour un
vol local ! Bon, on attend encore un peu, quelqu'un vient de
téléphoner à un passager, apparemment,
on en a oublié un dans l'aéroport ! Le voilà
qui arrive ! 17 h 45, on décolle.
Arrivés à Bénarès (Varanasi), nous
rencontrons le représentant local et fixons le programme
pour les deux jours prochains :
- Balade sur le Gange demain à 5h 15, le long des ghâts.
- Retour à l'hôtel pour le petit déjeuner,
puis temps libre.
- Sarnath l'après-midi.
- Le soir, cérémonie sur les ghâts après
balade dans la vieille ville.
- Le lendemain, tour de la ville, visite des monuments et départ
à 13 heures pour l'aéroport.
En ce premier soir, nous ressortons de l'hôtel et allons
acheter des petits gâteaux dans les boutiques ouvertes
sur le trottoir. En quittant l'hôtel, nous avons un peu
de mal à nous débarrasser des rickshaws et autres
taxis qui veulent nous conduire en ville, mais une fois éloignés
de l'hôtel, nous pouvons nous balader tranquillement,
en répondant à quelques "good evening"
lancés de-ci de-là, par les passants.
Mardi
30
5 h 15, nous quittons l'hôtel, il fait nuit noire. Nous
nous rendons sur les ghâts. Plus nous approchons, plus
il y a de monde dans les rues. Une odeur de bougie à
la cire flotte autour de nous, dans la lumière jaune
des lampadaires. Nous approchons de l'eau où flottent
toutes sortes de détritus. Des enfants vendent des fleurs
dans de grands paniers, ainsi que des bougies entourées
de fleurs piquées dans de minuscules corbeilles qui flottent.
Les fidèles les achètent et les jettent dans le
Gange. Nous nous frayons un passage au milieu des gens et montons
dans une grande barque en bois qui glisse dans le noir, le long
des quais. Les fidèles se baignent, des chants s'élèvent
des rives, en certains endroits. A 5 h 45, une douce clarté
commence à baigner le fleuve sacré. Le jour se
lève. Des poissons sautent au milieu ici ou là.
Sur un ghât éloigné du centre, des hommes
lavent du linge, ce sont des professionnels.
Les gens entrent dans l'eau et font leurs dévotions.
Des personnages hauts en couleur sont assis sur les marches,
des corbeilles aux bougies allumées flottent. Beaucoup
de très vieux et très vieilles se trempent dans
le Gange. Aux deux extrémités des ghâts,
se tiennent les bûchers allumés en permanence avec
de grands tas de bois derrière. Ce matin, il ne semble
pas y avoir de cérémonie mortuaire, car il n'y
a pas grand monde autour des feux. En descendant de la barque,
nous marchons un peu sur les ghâts, parmi la foule colorée
qui se prépare aux prières et au bain. Puis nous
regagnons la voiture.
Dans le "New Varanasi", c'est le marché du
matin. Entre légumes et autres choses, on peut acheter
de gros poissons posés par terre sur un plastique. Pêchés
dans le Gange !
De retour à l'hôtel pour le petit déjeuner
vers 7 h 30, nous repartons ensuite à pied, tous les
deux, pour un bain de foule. Pendant deux heures, nous flânons,
caméra et appareil photo en main, dans le "New Varanasi".
Il suffit de regarder où on met les pieds, de décliner
des dizaines d'invitations à utiliser un rickshaw pour
100 roupies, de répondre ici ou là à quelques
questions curieuses (en anglais) et on progresse doucement.
On sait même traverser dans le flot de circulation. Inutile
d'attendre que la chaussée soit libre, ça n'arrive
jamais. Il faut s'avancer entre les vélos, motos, rickshaws,
et autres tuk-tuk et sans aller trop vite, les laisser passer
devant, derrière, et progresser ainsi jusqu'à
l'autre côté. Quand il y a des voitures, c'est
un peu plus risqué. De retour à l'hôtel
après deux heures de marche dans la chaleur, la poussière
et autres pollutions, la douche est salvatrice.
Bizarre l'approche de ce pays pas comme les autres ! Au début,
oppressant, inquiétant, étrange… sale surtout…
Nous n'étions pas prêts à aller nous mêler
à cette foule. Nous ignorions leurs réactions,
leurs comportements. Vitres fermées, dans la voiture,
nous avons traversé les premiers villages, enserrés
dans une circulation diabolique. Peu à peu, nous avons
commencé à sortir à pied, une ou deux fois
avec un guide, mais les autres fois seuls. Finalement, les gens
nous sourient, nous saluent, nous regardent autant qu'on les
regarde. Souvent, ce matin encore, nous sommes les deux seuls
blancs dans cette foule. On ne voit pas de groupes dans les
villes, ils sont plutôt dans les sites touristiques, à
visiter les monuments. Quand nous filmons, les gens s'approchent
et viennent regarder l'écran digital. Ils nous demandent
de les photographier, parfois pour quelques roupies, parfois
comme ça pour rien.
A un carrefour, nous nous arrêtons près de gens
qui habitent sur le trottoir. Deux femmes nous font signe d'un
geste de les photographier, les autres s'approchent, des gosses
surtout. La photo faite, nous sortons des roupies pour chacune
des deux femmes, aussitôt c'est une ruée de mains
tendues, dix, douze… Mais dès qu'on dit "Nahi"
(non), et qu'on s'en va, ils ne nous suivent pas.
Bien sûr, il y a aussi de nombreux infirmes un peu partout,
et des gens dans des taudis ou abris précaires, un bout
de tôle comme toit, un bout de carton maintenu par une
pierre, et une couverture par terre, parfois un mur en briques
juste empilées.
Finalement, le pays nous apprivoise, on s'y promène sans
crainte, juste méfiants envers les "pocketman"
dont on nous a parlé plusieurs fois.
Ce matin, sur les ghâts, nous avons marché au milieu
des gens, au bord du Gange. Ce soir, nous retournerons dans
le "Old Varanasi" autour des ghâts.
Après le déjeuner, nous allons en voiture à
Sarnath, la ville du premier prêche de Bouddha, pour visiter
le temple bouddhique, le stupa et le musée archéologique.
Près du grand stupa, des mendiantes suppliantes, avec
un bébé dans les bras, nous suivent derrière
les grilles du parc, nous dedans, elles dehors… Il y en
a tant ! On est impuissant !
En fin d'après-midi, nous rentrons
à Bénarès, pour assister à la cérémonie
hindoue sur le Gange. Vu la circulation d'enfer, difficile de
dire comment nous avons réussi à traverser la
vieille ville qui regorge d'étals, de vélos, rickshaws
et piétons. Le chauffeur gare la voiture et nous descendons
seuls toute la rue du bazar jusqu'au fleuve, après avoir
bien repéré où se trouve le parking. Les
échoppes débordent de belles choses pour les riches.
Près du fleuve, de petits autels couverts d'un tissu
orange, chargés de fleurs, sont prêts pour la cérémonie.
Les gens attendent sur les marches. Des mendiants nous interpellent.
Les barques glissent sur l'eau dans le crépuscule. La
nuit est tombée, la lumière jaune baigne le ghât.
Une délicieuse odeur de cire de bougie nous enveloppe.
La foule s'est assise sur les marches et autour des autels.
Nous nous asseyons parmi eux. Les officiants vêtus de
saumon et beige descendent chercher l'eau du Gange. Des barques
emplies de fidèles s'alignent au pied du quai. Des dizaines
de bougies sont allumées sur le sol et des litanies montent
de l'eau, tandis qu'un haut parleur diffuse un chant. Tout un
défilé de bougies flottent sur le fleuve, en arrière
des barques, ponctuant l'eau noire de centaines de lucioles.
Au dessus des toits sont suspendus des lampions (comme ceux
du 14 juillet). Drôle d'impression de se trouver au milieu
de cette foule ! De place en place, on aperçoit d'autres
blancs, noyés dans cette foule endimanchée, assise
près des autels et sur les marches du ghât. Les
chants commencent et la multitude bat des mains. Des clochettes
suspendues au dessus de nous se déchaînent, dans
un tintement qui ne finit plus. Les officiants se placent devant
les autels et agitent des bâtonnets fumants et odorants,
la fumée les enveloppe et se répand sur la foule.
Ils agitent ensuite de grands pots de fumée au son de
la musique, des cloches et des percussions. Ils balancent de
grands bougeoirs piqués de dizaines de bougies, tandis
que la cire chaude enbaume l'air. Puis saisissant une petite
fiole remplie d'eau du Gange, ils en arrosent les bougeoirs.
Vient ensuite une espèce de marmite à tête
de cobra, pleine de feu, sur laquelle ils disposent des pétales
de fleurs qu'ils se déversent sur la tête. Puis
c'est le tour d'un éventail en plumes de paon, tandis
que bougies et feu illuminent la scène. Pour chaque instrument,
la présentation se fait aux quatre points cardinaux.
La cérémonie se termine, chaque officiant lance
quelques gouttes d'eau et une pluie de pétales de fleurs
sur le fleuve, la foule s'évacue en rickshaw ou à
pied. Nous nous frayons un chemin jusqu'à la voiture,
environ un kilomètre à louvoyer entre les passants.
Des enfants tout jeunes nous suivent, mendiant ou vendant des
cartes postales, maquillage, grigris. J'achète de nombreuses
cartes à deux gamines, mais il en arrive d'autres. On
ne peut acheter à tous. C'est poignant, tous ces gosses
!
Nous rentrons à l'hôtel, la rue brille de mille
feux, guirlandes clignotantes partout, échoppes illuminées,
foule bigarrée, appétissants étalages de
légumes frais éclairés par quelques lampadaires.
Cette ville est une étape que je n'aurais en aucun cas
voulu manquer, les deux autres étant Jaisalmer et bien
sûr le Taj Mahal. Bénarès, comme le Taj
Mahal sont des lieux qu'on n'oublie pas, comme le furent pour
nous, les pyramides du Caire, Petra, Chichen Itza, Yellowstone,
La Fournaise et quelques autres, peut-être parce que mythiques,
ils portent un rêve, une émotion…
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sur Bénares sur 100 Détours M@G
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