Samedi 20 octobre
- Décollage à 11 h 45.
- 7 h 45 de vol.
- Arrivée à 23 heures (heure locale), le décalage
horaire est de 3 h 30.
Il fait 28 degrés à Delhi où nous sommes
accueillis avec des colliers de fleurs. Notre chauffeur nous
conduit à l'hôtel. Ici, on roule à gauche
!
Dimanche 21
Pour cette première journée, nous partons de Delhi
à 9 heures avec Sanjay notre chauffeur, à destination
d'Alsisar. En quittant la ville par la nationale grouillante
de camions, voitures et mobylettes, nous apercevons, dès
les faubourgs, des camps de tentes en plastique, couvertes de
poussière, dans un environnement sordide. Difficile pour
nous de concevoir la vie dans cet endroit ! Les camps de Roms
que nous avons vus en Roumanie sont presque un luxe à
côté de ça. Dans les villages, les vaches
se pavanent, tandis que les vélos, mobylettes, motos
et tricycles pullulent. Les carrioles sont tirées par
des chameaux; les étals sur les trottoirs crasseux, proposent
des fruits, des volailles et toutes sortes de produits. A la
pompe, des enfants tirent de l'eau dans des cruches, que les
femmes rapportent sur leur tête.
Dans un concert de klaxons, nous progressons à travers
les villages, évitant les vaches qui se baladent au milieu
des voitures. Ici ou là, des taudis ouverts sont plantés
au milieu des immondices. Les bas-côtés ne sont
que papiers, plastiques, emballages vides.
Dans les petits camions, les gens sont debout à l'arrière
sur le plateau ou assis sur le toit, les motos portent plusieurs
passagers. Souvent, une femme en sari est assise à l'arrière
en amazone, parfois un jeune enfant se trouve près du
guidon.
Nous découvrons de drôles de tacots à trois
roues, sortes de longues voitures souvent délabrées,
n'ayant qu'une roue à l'avant, selon le principe du tuk-tuk,
mais en beaucoup plus grand, et en piteux état.
Baraques de tôle, bus déglingués, tracteurs
ferraillant, gens accroupis ou assis dans la poussière,
près d'un écoulement d'eaux nauséabondes,
chèvres "Pashmina", femmes portant des ballots
de foin sur la tête, paysans travaillant dans les champs,
ânes et chevaux attelés et encore des taudis et
des vaches, certaines faméliques, la plupart bien grasses.
Dans les villages où les vaches sont particulièrement
nombreuses, s'entassent des monticules de bouses séchées
qui sont utilisées pour la cuisson des aliments.
Nous arrivons à 15 heures à l'hôtel à
Alsisar, sans avoir mangé à midi, car le chauffeur
a cru qu'on ne prenait qu'un café ou un thé comme
les anglais. Nous avons refusé le café, pensant
déjeuner après, mais en fait c'était la
pause-midi. Finalement, nous avons réussi à lui
faire comprendre la méprise par la suite. Il faut dire
qu'on ne parle pas vraiment le même anglais ! Lui, il
parle anglais avec l'accent indien et en roulant les R…
Pas facile à saisir ! Nous n'avons donc pas mangé.
Vers 16 h 30, nous allons nous balader en
compagnie de Sanjay, dans les rues en terre sableuse jaune d'Alsisar.
Nous visitons quelques "Havelis", anciennes demeures
de riches commerçants, peintes à la main et organisées
autour d'une cour centrale. A l'étage, des balcons sculptés
dominent la cour. Nous entrons également dans des temples
abandonnés, décorés de peintures manuelles.
Dans les rues poussiéreuses, passent les femmes en saris
de toutes les couleurs. Des hommes cousent à la machine
devant un minuscule et sombre atelier de couture. Des chameaux
en colonnes défilent, majestueux, portant des touristes,
un âne attelé trottine devant nous… On a
intérêt à regarder où on met les
pieds, entre les bouses, les plastiques, les papiers; la rue
sert de poubelle ! Le soir, nous dînons sur la terrasse
de l'hôtel, à la bougie. C'est très agréable,
les plats sont bons et le dessert encore meilleur.
Lundi 22
A 7 h 30 sous un beau soleil, nous montons en voiture. Nous
nous engageons sur une route très étroite qui
traverse une zone aride. Le sol tient plus du sable que de la
terre. Une maigre végétation tapisse les champs
alentour. Dans les villages, les enfants en uniforme partent
à l'école. Nous voyons beaucoup de chameaux et
de camps précaires. Les gens vivent là, au milieu
des chèvres, sous un bout de toile ou de plastique tendu
sur quatre piquets.
Bizarre, la conduite ici ! Comme la partie goudronnée
de la route ne permet que le passage d'une voiture, à
chaque fois que deux véhicules arrivent en sens contraire,
ils roulent jusqu'à se trouver face à face puis
s'arrêtent et l'un des deux descend le bas-côté
pour laisser passer l'autre. Quand quelqu'un veut doubler, il
klaxonne. La voiture qui le précède se range alors
sur le bord et se laisse doubler. Et celle qui arrive en face,
car il y en a toujours une, ralentit elle aussi pour laisser
le passage. Ici, on ne double pas quand il n'y a personne en
face, on double quand on en a envie !
Mandawa : Un peu partout, dans les rues en terre sableuse, se
dressent des Havelis. Au cœur de la ville, baguenaudent,
chèvres et ânes. Les gens sont assis par terre.
Après Fatehpur, nous roulons sur une nationale à
deux voies (grand luxe !) mais très souvent occupée
par des troupeaux de chèvres portant des muselières
en corde. Certaines vaches sont également muselées.
La circulation est épique. Tout le monde double n'importe
comment, s'évite au dernier moment. Heureusement, notre
chauffeur est habile et évite les affrontements.
Le paysage est toujours semi-aride. Les gens marchent sur la
route, les femmes en saris portent sur la tête toutes
sortes de choses. Un chameau passe avec un haut-parleur diffusant
de la musique, fixé entre sa bosse et sa tête.
Peu à peu, la terre laisse place à un beau sable
jaune-ocre. Les bas-côtés sont relativement propres
tant qu'on est loin de toute vie. Mais dès qu'on rencontre
le moindre habitat, le sol est jonché d'immondices.
Nous arrivons à Bikaner à midi. La densité
de la circulation est oppressante, nous sommes enserrés
entre les mobylettes et les tuk-tuk, les trottoirs sont pleins
de pneus usés à vendre, les chameaux attelés
et vaches sacrées se glissent dans ce fatras. Les charrettes
à bras s'arrachent de l'imbroglio. Il y a même
des chèvres en pleine ville. L'eau usée stagne
dans les caniveaux. Un couple et deux enfants sur une mobylette,
ce n'est rien d'exceptionnel ! On se demande comment la voiture
ressort indemne de cette trépidation. Nous restons bloqués
par le passage d'un train et pouvons filmer et photographier
à loisir.
Nous arrivons à l'hôtel à 13 heures, dans
une rue étroite en pleine circulation. Pourtant, à
l'intérieur, il y règne un calme étonnant.
Après le déjeuner, nous partons pour un nouveau
bain de circulation et de klaxons, en direction du fort. Effarant
! On se croirait tombé dans une fourmilière. Il
en surgit de partout !
La visite du fort Junagarh (16ème siècle)
s'avère fort intéressante. Protégé
par un rempart en grès de 986 mètres de long,
il est doté de fort belles salles aux murs de plâtre
ornés de motifs et de miroirs. Les plafonds sont couverts
de motifs colorés peints à la main.
Après nous avoir guidé dans le fort, notre chauffeur
nous raccompagne à l'hôtel. Nous voulions retourner
à pied dans le bazar, mais finalement, nous renonçons.
Les gosses nous collaient déjà aux carreaux de
la voiture cet après-midi. Dès que nous mettions
un pied hors de la voiture des femmes accouraient pour demander
l'aumône. A pied, nous craignons d'être abordés
et sollicités de partout dans cette marée humaine.
Sanjay a précisé qu'il y avait des pickpockets.
Trop de promiscuité, les vaches et les chèvres
qui fouillent les tas d'ordures amassées sur les trottoirs,
les hommes assis sur une couverture au milieu de la route, les
mendiants (femmes et enfants), les tuk-tuk déboulant
à toute vitesse, les motos surchargées, les vélos
et rickshaws, les chameaux, les bouses de vaches sacrées
un peu partout, l'eau sale et la poussière nous dissuadent
d'y retourner à pied. Nous verrons un peu plus tard dans
une autre ville, peut-être, quand nous serons habitués
à ce climat oppressant.
Nous restons donc tranquillement à l'hôtel (ce
qui nous arrive rarement), à bouquiner, en attendant
l'heure du dîner. L'hôtel est une ancienne Haveli
qui fait partie du patrimoine national. La décoration
est d'origine, salons des années trente, dans le goût
européen. Le soir, on y mange de la cuisine végétarienne.
Elle est délicieuse cette cuisine, et dans un cadre enchanteur.
Nous dînons sur la galerie de la Haveli à quelques
pas de notre chambre. La cour et les murs sont illuminés
et un joueur de flûte accompagne le repas. Après
la soupe traditionnelle, six petits plats de légumes
délicieusement préparés nous sont servis
par deux garçons, qui en une espèce de ballet,
se relaient pour remplir notre assiette d'un petit peu de chaque
chose. Le dessert se compose (comme hier) de succulentes boulettes
de pâtisserie baignant dans un sirop, des "gulab
jamun".
En fin de soirée, nous sortons de l'hôtel pour
faire quelques pas dans la rue, devenue plus calme à
la nuit. Les vaches sont toujours là et les hommes encore
sur leur tapis, à jouer aux cartes au milieu de la rue.
Un autre grand tapis est sorti et une dizaine de femmes en saris
rouges, chantent une mélopée indienne. Elles s'interrompent
à notre premier passage, mais continuent quand nous repassons
dans l'autre sens. Des fillettes ont voulu que je les prenne
en photo, elles bavardent avec moi (en anglais), en nous suivant
quelques pas. Puis nous rentrons à l'hôtel. Comme
lors de notre sortie, tous les garçons d'étage,
debout dans les angles des couloirs, nous saluent. Finalement,
cette rue était paisible. Mais pour une première
fois, nous ne nous sommes pas aventurés plus loin que
le bout éclairé.
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