Sur le chemin du retour, nous nous arrêtons
pour photographier des maisons traditionnelles sur pilotis.
Ces pilotis servent autant à isoler la maison des inondations
à la saison des pluies qu'à la protéger
des animaux dangereux. Les parois et le toit sont constitués
de feuilles de palmiers ou de tôles pour les plus pauvres.
La route qui nous ramène à Phnom Penh traverse
des champs inondés par la mousson (septembre - octobre)
et des villages alignés sur les bas-côtés.
La balade est très plaisante, d'autant plus que nous
n'avons pas la sensation de danger comme en Inde. Les Cambodgiens
semblent respecter à peu près les règles
de la route, et la circulation en campagne est assez clairsemée,
beaucoup de deux-roues, quelques charrettes attelées,
des tuk-tuk qu'ici on appelle motos à remorque, mais
peu de voitures.
Ce petit pays de 13 millions d'habitants pour 181 000 km²,
où la pauvreté est partout, me semble apaisant,
par la gentillesse de la population, le calme riant de ses paysages
et étonnant par l'originalité de ses monuments...
On n'y rencontre pas les excès de misère, la saleté,
les maladies, les dangers de la route, de l'Inde, pays qu'au
demeurant j'ai beaucoup aimé.
Le mariage :
Le choix du conjoint est plus ou moins organisé
par les parents, mais les enfants peuvent le refuser.
Ils ont la possibilité de choisir eux-mêmes
leur futur conjoint, à condition que les parents
en soient d'accord.
Beaucoup d'invités, pour la cérémonie...
on compte généralement 30 à 50 tables
de 10 personnes, l'idée étant de faire mieux
que le voisin. Cependant, il arrive aussi que des gens
plus raisonnables ne dépassent pas 10 à
15 tables.
Maintenant, les mariages arrangés se terminent
de plus en plus souvent par des divorces. |
Le temple de Ta Phrom :
Dans ce petit temple brahmanique, nous sommes accueillis par
des fillettes qui nous offrent des fleurs de lotus, une pour
moi et les autres pour Bouddha... Bien sûr, je les lui
remets aussitôt, ainsi que les bâtons d'encens qui
les accompagnent. Qu'elles sont belles ces gamines !
De retour à Phnom Penh, le guide nous conduit dans un
restaurant typique. Pour la première fois de notre vie,
nous allons manger assis sur des nattes et coussins devant des
tables d'une quarantaine de centimètres de hauteur. Je
trouve ça plutôt relaxant. Pour choisir le menu,
ce n'est pas facile, il y a plus de cent plats différents
(en anglais) et nous n'en connaissons aucun quasiment. Je demande
surtout que ce ne soit pas épicé. Finalement,
notre choix se porte sur un mélange de légumes
avec quelques morceaux de viande découpée en lanières
et l'omniprésent riz blanc. Ce n'est pas mauvais du tout
!
L'après-midi, après la visite
au musée national, nous allons au marché russe,
qui n'a de russe que le nom, puisqu'on y vend de l'artisanat
cambodgien. Nous y trouvons des cadeaux pour nos trois petits,
Manon, Paul et Anakin et rentrons à l'hôtel où
j'achète quelques cartes postales que je glisse sous
enveloppe, pour être certaine qu'elles arrivent. Le caissier
nous "arnaque" gentiment en nous faisant payer chaque
timbre 3 dollars au lieu de 2,10 comme nous l'apprendrons plus
tard (mais trop tard).
Dans la soirée, nous sortons acheter des espèces
de brochettes qui se glissent dans des petits pains croustillants,
et nous dînons dans la chambre. Il nous reste des petites
bananes tropicales achetées hier. La journée a
été si bien remplie que nous n'avons pas le courage
de marcher longtemps pour gagner le quartier des restaurants,
et prendre un tuk-tuk me semble bien compliqué. Comment
expliquer où on veut aller ?
Mercredi 19
Après une longue nuit, nous découvrons un grand
soleil à 8 heures, quand nous chargeons les valises dans
la voiture pour nous rendre à Battambang, à 291
km au nord de Phnom Penh. Nous suivons la route N° 5. Total
est implanté au Cambodge, nous voyons plusieurs stations-services
de ce groupe. Beaucoup d'autres choses rappellent la présence
française, les hôpitaux portent des noms français
(Calmette par exemple), il y a une avenue Charles de Gaulle,
et même des cigarettes Alain Delon.
Les Cambodgiens aiment la France, qui a
empêché le Vietnam d'avaler leur pays et qui leur
a permis de récupérer les trois provinces du nord,
convoitées par la Thaïlande. Toute personne à
la peau blanche est considérée comme française.
Nous croisons des charrettes lourdement chargées, tirées
par des motos. Dix ou quinze personnes s'y entassent couramment.
Sur les mobylettes, on compte de un à quatre passagers.
La route se faufile entre le lac à gauche et le fleuve
à droite, doublé de bassins d'élevage où
grouillent les poissons. Des arbres émergent des champs
inondés, les maisons ont les pieds mouillés, le
paysage est beau. Quand l'eau quittera les champs, ils y planteront
le riz qui est actuellement en pépinière, colorant
le sol de taches vert-tendre. Les zébus sont partout
le long de cette route. Nous nous arrêtons pour photographier
le décor, et des enfants s'approchent, tirant une petite
carriole avec laquelle ils jouent. Ils posent pour nous avec
un plaisir évident. Arrive une moto à remorque
- le bus local - chargées de femmes qui se laissent photographier
avec le sourire. Ces rencontres avec la population locale sont
des moments de pur plaisir et le cadre en arrière ajoute
au charme de l'instant. Nous entrons dans le village des sculpteurs
d'argent, par une allée de terre rouge boueuse, bordée
de maisons, pilotis dans l'eau, et ici et là des enfants
au sourire éclatant et aux yeux vifs en amande, des touffes
de verdure à la surface de l'eau, de très jolies
jeunes femmes, des fleurs de lotus, des foyers pour la cuisine
en plein air et l'ombre des jaquiers portant de lourds fruits
verts...
Mais comment décrire en quelques traits
de stylos, tels des touches de pinceau, l'impression que dégage
cette atmosphère qui nous transporte dans un ailleurs
difficile à rendre.
Novembre, décembre me semblent la bonne époque
pour venir au Cambodge, quand les pluies de la mousson ont cessé
mais que la terre gorgée d'eau offre des images presque
magiques, de celles qu'on voit dans les films ou dans les rêves
d'exotisme et que nous découvrons pour de vrai.
Nous nous dirigeons vers le village des potiers, enfoui au milieu
d'immenses champs de riz. Je ne me lasse pas de la vision de
ces tendres épis, se balançant légèrement
au moindre souffle d'air. Au coeur du village, les potiers et
menuisiers rient beaucoup de nous voir les filmer.
Passent des charrettes remplies à ras bord de pots en
terre, des motos à remorque surchargées de passagers...
Une femme malaxe de la terre argileuse pour en faire des pâtons,
un homme se balance dans son hamac tendu sous les pilotis, tandis
qu'autour d'eux les enfants jouent.
Quelques kilomètres plus loin, nous faisons halte au
village flottant de Compong Chinan, amalgame de baraques sur
l'eau et de barques en bois, étalages de poissons séchés,
coquillages, légumes, fruits, pain, brochettes de charcuterie,
surimi à faire frire, oeufs durs, tout un monde étonnant
au ras de l'eau, mais pas de nuées de mouches ni d'odeurs
repoussantes, pas non plus la sensation de saleté ressentie
en Inde. L'eau omniprésente ne donne pas l'impression
de marécages croupis. On peut marcher sans regarder où
on met les pieds.
Sur la route, à l'heure de la sortie des classes, nous
croisons un défilé sans fin de jeunes gens en
vélos, tous habillés de pantalon ou jupe bleu-marine
et de hauts blancs.
La découverte du mode de vie des Cambodgiens, comme celui
d'ailleurs de tous les pays en voie de développement
que nous avons parcourus depuis quelques années, apprend
l'humilité et permet de juger de la futilité des
préoccupations des civilisations dites avancées.
Tandis qu'ici, les gens vivent au jour le jour avec le sourire,
les affairistes, chez nous, en ces temps de "crise de l'économie
mondiale" se préoccupent de bourse et de toujours
plus d'argent. Mais qu'elle est loin la crise, vue
d'ici !! Voyager dans ces contrées, c'est prendre la
mesure de notre chance.
A midi, nous déjeunons dans un restaurant local, au dessus
du fleuve qui charrie une eau jaune au courant vif. C'est très
agréable, d'être assis là, au frais, et
d'observer les pêcheurs qui, à pied dans la rivière,
lancent leurs filets à quelques pas de nous. Nous goûtons
au "lak lok", petits morceaux de boeuf, mijotés
dans une sauce suave, sur un lit d'oignons, tomates vertes et
accompagnés de pommes de terre, façon frites,
de riz et sauce au citron. C'est bon ! Cet excellent plat ne
coûte que 10 000 riels (2,5 dollars) et la bière
1 dollar. Au dessert, nous retrouvons avec plaisir les longanis,
petits fruits ronds comme des raisins, découverts pour
la première fois à la
Réunion.
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