Lundi
16
A 8 h 30, nous rencontrons Craig, notre guide de la journée
qui nous emmène pour le tour de la péninsule du
Cap. L'océan étale ses verts et bleus sous le
soleil scintillant, la route court entre la montagne à
gauche et l'eau claire à droite. Dès le début
de la matinée, nous embarquons pour une excursion à
l'île des otaries. Elles se prélassent par milliers
sur les rochers et dans l'eau. La mer est couverte d'embruns,
symphonie d'écume blanche sur fond bleu, jouée
par le vent qui d'après notre expérience de voyageurs
de la mer, atteint les quarante noeuds. A cette saison, l'eau
balance entre 12 et 19 degrés. De retour sur terre, nous
longeons la côte ouest de la péninsule, montagnes
plongeant dans l'océan, criques ourlées de sable
blond, alliance d'émeraude et de cobalt. Chaque détour
de la route en corniche découvre des vues époustouflantes,
telle plage blanche que les rouleaux prennent d'assaut en une
chevauchée magnifique, telle verte prairie où
passent de fins chevaux racés, telle baie balayée
de vagues écumantes...
Le vent, qui en été souffle à
peu près deux jours par semaine, balaie le ciel et pose
une lumière bleue sur toutes choses. Sur la route qui
monte à Cape Point, des babouins déambulent, tranquilles
au milieu des voitures. Toute la région en est infestée
et parfois ils vont jusqu'à s'introduire dans les maisons.
Nous grimpons à pied au point de vue de Cape Point qui
découvre un océan rageur sous des pointes de vent
à 50 noeuds, avant de déjeuner au restaurant panoramique
qui donne sur "False bay". Devant nous s'étale
une grande baie agitée, que les navigateurs venant d'Inde
avaient prise pour celle de Cape Town, croyant avoir doublé
le Cap de Bonne Espérance, alors qu'ils n'avaient dépassé
que le Cap des aiguilles.
L'environnement sauvage est superbe. Deux grands
élans du Cap et quelques bontebocks (gazelles endémiques
de la région) broutent sur fond de rouleaux s'écrasant
sur la plage avec fracas.
Voici le Cap de Bonne Espérance, le point le plus sud-ouest
du continent (le plus sud étant le Cap des Aiguilles),
déchiqueté, battu par les flots, couvert d'embruns...
Sauvage beauté ! Au delà apparaît l'Océan
Indien dont l'eau aujourd'hui atteint les 17 degrés,
tandis que l'Atlantique à peu de distance affiche 12
degrés. Différence de température considérable
alors qu'à cet endroit les eaux des deux océans
se mélangent !
De longues plages ourlent le rivage. Sur l'une d'elle, balayée
par un train de vagues, un homme surveille aux jumelles la venue
éventuelle de requins blancs. Au cas où il en
repèrerait un, l'alerte serait donnée sur la plage,
pour prévenir les surfeurs du danger. Mais aujourd'hui
personne ne s'élance sur les vagues. Sur cette côte
de la péninsule bordée par l'Océan Indien,
on est moins exposé au vent et le soleil chauffe bien.
Nous rendons visite aux pingouins du Cap, installés sur
une petite plage. Ils sont très petits, certains, dressés,
se dandinent drôlement, tandis que d'autres paressent,
allongés sur le sable. Notre itinéraire du jour
inclut la visite du jardin botanique "Kirstenbosch",
un grand espace vert sur les hauteurs du Cap, où il est
agréable de flâner en suivant les allées
qui serpentent au milieu des fleurs, proteas et arbustes. Un
peu plus d'une heure à mitrailler au milieu du gazouillis
d'oiseaux divers, ça passe très vite et nous voilà
de retour à l'hôtel vers 17 heures. Peu après,
nous nous rendons avec notre voiture jusqu'à Victoria's
Wharf, l'ancien port de pêche entièrement rénové
en 1988 et dont les bâtiments abritent désormais,
des commerces, galeries, restaurants... L'endroit a été
restauré avec goût et en respectant les vieux bâtiments.
Quand les lumières s'allument, donnant au vieux port
un air de fête, nous rentrons dîner à l'hôtel.
Mardi 17
Le funiculaire, tournant sur lui-même, s'élève
doucement au-dessus du Cap. A 1085 mètres d'altitude,
il fait chaud car ce matin le vent a fini de s'époumoner.
Nous découvrons la ville, le port, la zone hôtelière,
le stade en construction pour la coupe du monde de foot 2010
et au-delà la côte, les plages magnifiques et le
port où nous avons embarqué hier pour l'île
aux otaries... Nous parcourons les sentiers qui permettent d'observer
les quatre points cardinaux. A midi, nous redescendons par la
cabine et nous nous rendons à Bo Kaap, le quartier Maltais
où les maisonnettes sont toutes vivement colorées.
Très bien entretenues, elles attirent irrésistiblement
l'oeil; en arrière-plan se dresse la Montagne de la Table.
Après une rapide visite du quartier, nous prenons la
nationale 2, de façon à repérer l'aéroport
pour demain matin et ensuite nous nous dirigeons vers Stellenbosch.
Embouteillages monstres pour atteindre l'entrée de l'autoroute
! Nous arrivons finalement à Stellenbosch à 15
heures et mangeons au restaurant, ce qui nous ragaillardit un
peu. Nous parcourons la ville située sur la route des
vins pour débusquer les petites maisons blanches au toit
de chaume, dont elle est émaillée mais il fait
beaucoup trop chaud. Et nous avons beau marcher à l'ombre,
de nombreux passages nous obligent à passer sous le soleil
cuisant. Aussi ne nous attardons-nous pas outre mesure dans
cet endroit. Au long de la route vers Franschoek, entourée
de toutes parts de hautes montagnes qui se découpent
avec élégance sur le ciel bleu, des pancartes
indiquent les exploitations viticoles et le nom des vignobles.
Après Franschoek, bourgade coquette, nous nous élevons
sur la route qui mène au barrage de Teewaterskloef pour
découvrir la vue sur les vignes et les nombreux lacs
de retenue. Deux babouins traversent la chaussée devant
nous, surprenante apparition dans ce décor de haute montagne
où on s'attendrait plutôt à voir surgir
des chèvres.
Nous regagnons Le Cap par l'autoroute.
Photo de bidonvilles, prise en roulant...
Sur des kilomètres et des kilomètres,
d'immenses bidonvilles à demi-dissimulés derrière
des barricades en bois interminables, n'en finissent pas d'envahir
les bas-côtés. Les gosses insouciants franchissent
les barrières pour jouer au foot dans les espaces verts
qui bordent la route. On frémit à l'idée
de ce qui se passerait si un ballon venait frapper une voiture
lancée à pleine vitesse ! Ces bidonvilles gigantesques
sont le seul rappel à l'Afrique dans cette région,
tout le reste, montagnes, plages superbes, infrastructures routières,
tourisme et ville du Cap ne correspondent pas à l'idée
que généralement on se fait de ce continent.
Kilométrage du jour : 311 km
[Voir les
photos du Cap]
Mercredi 18
A 8 h 45, nous embarquons pour un vol vers
Durban. Nous nous sommes levés à 6 heures, juste
le temps de déjeuner, de rendre la voiture et d'enregistrer
les bagages. Une petite heure d'attente et nous montons dans
l'avion. Le temps est agréable le matin, avant que la
chaleur ne monte.
Arrivés à Durban à 11 heures, nous récupérons
notre nouvelle voiture de location et trouvons l'hôtel
sans difficulté grâce au topo fourni dans notre
carnet de voyages et aux plans tirés sur Internet par
Jean-Paul avant le départ. Après un déjeuner
de sandwiches, nous longeons la côte de l'Océan
Indien, vers Umhlanga au nord de la ville. Le vent souffle assez
fort, moins qu'au Cap, mais la mer est en colère, de
grosses vagues frappent les plages de sable et au loin les cargos
pourtant de bonne taille, restent à l'ancre, sans doute
parce qu'au large la mer est trop grosse. Malgré le vent
et le ciel gris, et bien qu'habillés de shorts et de
tee-shirts, nous n'avons pas froid du tout. Après Umdloti,
nous décidons de rebrousser chemin, car nous circulons
sur une nationale depuis un moment et cela n'a pas grand intérêt
d'apercevoir la mer sans pouvoir s'arrêter et de traverser
des zones hôtelières sans charme qui cachent toute
la vue.
Nous avons alors la chance de découvrir
une voie secondaire qui longe la plage et maintenant entre végétation
dense et fleurie, sable blond vénitien et vagues rageuses,
le parcours est bien plus plaisant. Mais les couleurs grisaillent
de plus en plus. Nous restons un grand moment à regarder
les rouleaux sombres qui en s'enroulant se teintent d'émeraude
avant de s'écraser, rageurs et écumants sur la
grève. On ne se lasse pas de ce spectacle sans cesse
renouvelé, surtout depuis la terre ferme, hors d'atteinte
de l'océan turbulent. Nous avons déjà vu
l'Océan Indien à plusieurs reprises, à
La
Réunion, au Sri
Lanka, au Kenya,
mais jamais de cette couleur et avec cette colère, au
contraire il nous dispensait ses plus beaux bleus.
De retour en ville, vers 18 heures, il pleut, la nuit tombe
déjà (alors qu'au Cap le crépuscule commençait
à 19 h 45) et toutes les boutiques sont fermées.
Nous voulions faire un tour dans le quartier indien, voir la
mosquée la plus grande d'Afrique du Sud, mais les grilles
sont descendues sur tous les magasins, les rues sinistres n'invitent
pas à la promenade. Nous savons par ailleurs que Durban
n'est pas une ville sûre, beaucoup de délinquance
et de violence, surtout la nuit ! Comme nous n'avons pas envie
de dîner à l'hôtel car exceptionnellement
ce soir, le repas est servi dans les chambres, nous nous rapprochons
des plages et des zones touristiques et trouvons non sans mal
un petit restaurant correct, à une rue de distance des
luxueux hôtels des bords de mer. En arrivant dans notre
chambre, pour une fois, nous allumons la télé
afin de chercher le match France- Irlande (match de barrage
retour, la France ayant gagné 1-0 à l'aller).
Et par chance nous le trouvons... commentaires en anglais mais
on s'en contentera. Dommage qu'à la 85ème minute,
la chaîne se déconnecte et que nous ne puissions
voir la fin. Ce n'est que le lendemain matin que nous apprendrons
la qualification de notre équipe nationale, grâce
au journal glissé sous la porte.
Kilométrage du jour : 115 km
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