Il
découvre à l'âge de 12 ans la fécondation
artificielle de la vanille.
Orphelin dès sa naissance, le petit
esclave Edmond est confié à un homme passionné
par la botanique et les orchidées - Ferréol Beaumont
Bellier - qui le prend sous sa protection à Sainte Suzanne.
Cet homme s'intéresse particulièrement au vanillier,
qui pousse naturellement en Amérique du sud, et dont
la fleur est fécondée par une abeille qui ne vit
qu'au Mexique.
Importés de Cayenne en 1819, par le jardinier-botaniste
Perrotet et le capitaine Philibert, puis du Mexique en 1822
par Mr Marchant, les plants de vanille, introduits à
La Réunion (alors appelée île Bourbon) restent
stériles durant les premières années. les
scientifiques européens cherchent alors un moyen de féconder
la plante artificiellement.
A Sainte-Suzanne, Beaumont Bellier poursuit lui aussi ses recherches
sur la vanille. En même temps, il se fait aider pour la
fécondation de ses fleurs par le petit Edmond. Par exemple,
il lui apprend à féconder une plante de la famille
des citrouilles, appelée Jolifiat, dans laquelle fleurs
mâles et fleurs femelles sont placées sur des rameaux
différents. Il montre à l'enfant comment cueillir
les fleurs mâles pour les poser sur les fleurs femelles.
Fin 1841, à l'époque de la floraison du vanillier,
Beaumont Bellier qui se promène dans son jardin avec
Edmond, aperçoit sur son vanillier, une belle gousse.
L'enfant lui explique alors que c'est lui qui a fécondé
la fleur. Le maître refuse de le croire, mais deux ou
trois jours après, il voit une seconde gousse près
de la première. Alors Edmond, pour prouver ses dires,
exécute devant lui la délicate opération
que tout le monde connaît aujourd'hui, à savoir
mettre en relation les organes mâles et femelles.
Une autre version de l'histoire produite par la rumeur populaire,
laisse entendre cependant, qu'Edmond après avoir été
réprimandé par son maître, aurait écrasé,
par vengeance, la fleur du vanillier, provoquant ainsi involontairement
la fécondation.
Quelle que soit la véritable version, et on pencherait
plus volontiers pour la première, parce que plus poétique,
Beaumont Bellier rédige un article sur cette affaire.
Le petit Edmond est alors demandé par tous les planteurs
des environs, qui veulent se faire expliquer le procédé.
Le 20 décembre 1848, l'esclavage est aboli à La
Réunion. Edmond, homme libre, s'appellera désormais
Albius (ce qui signifie "blanc"). Son ancien maître
Beaumont Bellier et ses amis tentent - en vain - à maintes
reprises d'obtenir de la colonie une "rémunération
publique" pour Albius.
Pendant ce temps, les planteurs s'enrichissent... De 50 kg exportés
en 1848, on arrive à 100 tonnes à la fin du 19e
siècle.
Albius, lui, quitte son maître et est employé comme
aide cuisinier à Saint-Denis. En 1852, impliqué
dans une histoire de vol de bijoux, il est condamné à
cinq ans de travaux forcés. Albius, homme libre, va connaître
les chaînes qu'il n'a pas subies quand il était
esclave. En 1855 - peut-être grâce à la démarche
de Beaumont Bellier en sa faveur - Albius est libéré
pour bonne conduite et retrouve Sainte-Suzanne, où il
cultive - pour des propriétaires - quelques arpents de
terre.
De la fin de sa vie, on sait peu de choses... On pense qu'il
se serait marié... |