Toulouse,
explosion usine AZF
la ville rose en deuil
L’explosion de l’usine AZF est la plus grande catastrophe
industrielle survenue en France depuis la guerre.
Quelques jours à peine après les attentats du
11 septembre 2001 aux Etats-Unis, l'usine chimique AZF explose
à Toulouse.
Le bilan est lourd : 30 morts et plus de 3500 blessés
par éclats de verre, dont certains garderont des séquelles
au niveau auditif, sans compter les troubles psychologiques
profonds.
On commence par penser à un acte terroriste, mais très
vite la piste accidentelle est privilégiée. On
se dirige ensuite vers l'idée de négligences en
matière de sécurité.
21 septembre 2001, 10h17...
Une explosion suivie d'une terrible déflagration, un
bruit énorme, une violence inouïe…
Vitres et vitrines volent en éclats, plafonds, portes
et fenêtres s'écroulent dans un bruit infernal…
Les gens courent affolés… Des blessés…
des morts…
L'usine AZF vient d'exploser.
Implantée à environ 3 km du centre ville de Toulouse,
l'usine emploie environ 470 personnes.
Elle produit des engrais et divers produits chimiques, et stocke
de nombreux produits dangereux.
Le fait qu'elle soit implantée dans une zone urbaine
a eu comme conséquence de causer des dommages matériels
très importants aux constructions et bâtiments.
Tout est détruit dans un rayon de 200 m. Les constructions
situées au delà et jusqu'à 1 km subissent
des dégâts graves. 50 000 logements ont perdu leurs
vitres, dans un rayon de 3 km en allant vers le sud et 5 km
vers le nord et l'ouest.
L’explosion a creusé un trou de 7,5 m de profondeur
sur 60 m de long et 40 de large au niveau du hangar. Tout autour,
s'élève une butte, constituée de terre
et de débris divers. Très vite; le trou se remplit
d'eau, la nappe phréatique étant à 2 m
au-dessous du sol.
L’Observatoire Midi - Pyrénées enregistre
un séisme de grandeur 3,4 sur l'échelle de Richter.
Le choc psychologique a été extrêmement
traumatisant pour la population sinistrée.
Dans l'urgence, de très nombreux moyens sont mis en place
(cellules de crise et de soutien psychologique, relogement en
centres...)
Les hôpitaux sont pleins…
Toulouse est une ville isolée… Il est devenu impossible
de joindre quelqu'un au téléphone, qu'il soit
fixe ou portable… De nombreuses routes sont embouteillées.
Quelques témoignages :
"- Les vitres ont volé en
éclats, les meubles et les habits suspendus au portemanteau
ont été criblés de morceaux de verre."
"- Les voitures étaient recouvertes d'une épaisse
couche de poussière grise sous laquelle on avait du mal
à les reconnaître."
"- Nous avons marché à pied pendant très
longtemps pour rejoindre notre domicile, plus rien ne fonctionnait
dans la ville. Plus nous approchions de chez nous, plus les
maisons semblaient avoir été touchées,
les vitres brisées, la poussière était
de plus en plus dense… Nous habitions dans un quartier
pas très éloigné de l'usine. Notre immeuble
n'avait plus de carreaux."
"- Nous marchions sur le trottoir, soudain la vitrine de
la banque s'est effondrée à nos pieds…"
"- Nous avons protégé notre visage par un
mouchoir car nous avions peur des émanations."
"- Nous ne pouvions joindre personne pour prévenir
que nous étions sains et saufs, car les téléphones
étaient saturés. Pus rien ne passait. Pour quitter
la ville, nous avons mis des heures, tout était embouteillé."
"- Les quartiers pauvres HLM ont été les
plus touchés… On a cherché à aider,
reloger, réchauffer, vêtir, nourrir les gens qui
avaient tout perdu… Nos écoles ont été
soufflées, des immeubles tout entiers vidés de
leurs habitants, les gens vivent avec des plastiques partout…"
"- L'AZF a pété… En apprenant cela,
je prends conscience du danger et mon inquiétude va d'abord
vers mon gamin. Ma femme part le récupérer. On
ne peut plus communiquer par téléphone seul le
net est encore utilisable. Nous essayons de prendre des nouvelles
de notre famille, impossible. Les premières images arrivent,
c'est catastrophique... comme une guerre ! Je me dis que le
bilan sera lourd."
"- Je suis à plusieurs centaines de km de Toulouse,
mes enfants sont là-bas. J'ai entendu la nouvelle à
la radio. Au début, je me dis que ce n'est peut-être
qu'une petite explosion sans gravité. Peu à peu,
l'angoisse s'installe… pendant des heures, je ne pourrai
les joindre… Un cauchemar épouvantable, jusqu'à
ce que j'apprenne qu'ils sont sains et saufs…"
Personnellement, je suis allée à
Toulouse en octobre 2001. J'ai pu observer la zone sinistrée
et en ramener quelques photos…
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